Organisation de Femmes pour les Prisonnières Politiques


Bulletin avril 2017
Malheureusement, dans notre premier bulletin de 2017, nous ne pouvons vous faire part d’aucune amélioration par rapport à 2016.

Selon un rapport publié le 1 janvier 2017 par des groupes de soutien aux prisonniers palestiniens, les forces de sécurité israéliennes ont arrêté 6440 hommes, femmes et mineurs palestinien.nes pendant l’année 2016.

En 2016, la politique de "gâchette facile" des forces de sécurité n’a pas cessé, la pratique de tuer et blesser des Palestinien.nes, à la fois dans les Territoires Occupés et aux check-points, est devenue banale.

Un autre fait est devenu récurrent : l’augmentation de la sévérité des peines, à la fois pour les emprisonnements et les amendes, infligés aux Palestinien.nes avec un permis de résident.es, c-à-d les Palestinien.nes résidant à Jérusalem-Est et aux environs.

Comme nous nous occupons particulièrement des prisonnières politiques, ce bulletin donne plusieurs exemples des condamnations prononcées à l’encontre des prisonnières de Jérusalem-Est et des environs.

Asraa al-Ja’abis a été condamnée à 11 ans de prison et à une amende de 20.000 shekels. Comme nous l’avons déjà signalé, Asraa souffre de brûlures sévères et est toujours dans un état grave et a besoin d’un traitement permanent.

Shuruk Daweiat, qui a été blessée lors de son arrestation, a été condamnée à 16 ans de prison et à une amende de 80.000 shekels.

Une mineure, N.A., qui a été blessée lors de son arrestation, a été condamnée à 13 ans et demi de prison et à une amende de 30.000 shekels.

Des accusations similaires ont été prononcées contre des mineures jugées par des tribunaux militaires, et ont entraîné des condamnations pouvant aller jusqu’à 3 ans et des amendes allant jusqu’à 5.000 shekels.

Les condamnations prononc ées contre des Palestinien.nes par des tribunaux civils sont beaucoup plus sévères que celles des tribunaux militaires, souvent pour les mêmes délits. Cela ne signifie pas que les tribunaux militaires prononcent des condamnations légères: Maisoon Moussa, par exemple, a été condamnée à 15 ans de prison par un tribunal militaire.

Un autre phénomène inquiétant est la diminution du nombre de permis de visite accordés aux familles des prisonnières en 2016. Nous entendons de plus en plus de la part des prisonnières et des familles (que nous rencontrons lors des procès) que les permis de visite ne sont pas accordés; dans certains cas, même les familles qui ont des permis de visite voient leurs permis supprimés à leur passage aux check-points. Dans d’autres cas, le permis n’est plus valable et les familles ne savent jamais quand un autre permis sera accordé.

Cette situation est particulièrement difficile pour les familles de jeunes prisonnières dont certaines sont blessées. Quelques exemples:
A.B.a été emprisonnée deux mois. Elle n’a eu qu’une visite de sa mère ; son père n’a pas été autorisé à lui rendre visite.
L.B. a été emprisonnée un an et deux mois. Sa mère lui a rendu visite 3 fois ; son père n’a pas eu l’autorisation de venir la voir.
T.H. a été emprisonnée dix mois. Son père lui a rendu visite deux fois, sa mère seulement une fois, la seconde fois elle n’a pas été autorisée à franchir le check-point.
N.S. a été emprisonnée 10 mois, en même temps que T.H. Son père lui a rendu visite une fois mais a été bloqué au check-point lors de sa deuxième tentative pour voir sa fille. Sa mère a eu un permis mais a été arrêtée au check-point.

Il faut noter que les membres des familles fournissent des vêtements aux prisonnières et que les prisonnières qui n’ont pas le droit de recevoir des visites n’ont pas assez de vêtements. En plus du besoin évident de voir des membres de leur famille, les prisonnières ont souvent besoin de signer divers papiers comme une procuration.

Quand nous assistons aux séances du tribunal, nous rencontrons toujours des membres des familles, qui ne ratent pas une occasion de voir les prisonnières, de leur parler et d’échanger des informations, même s’ils doivent souvent partir à l’aube de chez eux et rentrer à la nuit. L’assistance aux séances des tribunaux est souvent une alternative aux visites en prison.

Nous avons également constaté une diminution des activités de la Croix-Rouge Internationale, non seulement en ce qui concerne les visites mais aussi la fourniture de matériel de travaux manuels pour les prisonnières.

La détention administrative

Il y a environ 500 prisonnier.es palestinien.nes en détention administrative (les chiffres précis ne sont pas disponibles car le nombre change tous les jours).La détention administrative signifie une détention sans chef d’accusation et le procès est habituellement fondé sur des éléments des services secrets. Actuellement il y a deux femmes en détention administrative:

Sabah Feroun d’Azarieh près de Jérusalem. Sabah, 34 ans , mère de 4 enfants a été arrêtée le 19 juin 2016 à cause d’un post sur facebook. Depuis son arrestation son ordre de détention administrative a été prorogé deux fois malgré un appel auprès de la Cour Suprême. En février 2017, l’ordre de détention administrative a été prolongé d’encore 4 mois, ce qui fait de Sabah la prisonnière restée le plus longtemps en détention administrative depuis octobre 2015.

Ihsan Dababseh, 31 ans, de Nuba, district d’Hébron, a été arrêtée le 27 février 2017. Un ordre de détention administrative de 6 mois a été prononcé contre elle .Ihsan est une ex-prisonnière. Elle a été d’abord emprisonnée le 11 décembre 2007 et condamnée à 22 mois de prison. Son deuxième emprisonnement a commencé le 13 octobre 2014 et elle a été condamnée à 20 mois de prison.

Le trajet vers le tribunal (la "Posta")

Il y a eu un peu de changement à ce sujet. Les dernières fois où des prisonnières ont été emmenées de la prison de Damon (Mont Carmel) et de la prison d’Hasharon (TelMond) au tribunal militaire d’Ofer, elles sont allées directement au tribunal et ont été ramenées à Damon et à Hasharon le même jour. Nous ne savons pas encore si cela va être la règle ou n’est qu’une disposition temporaire. Dans le même temps, les prisonnières jugées au tribunal militaire de Salem et au tribunal de district d’Haifa sont amenées de leur prison la veille au centre de détention de Kishon (Jalame). Cela les oblige à emporter beaucoup de bagages comme des draps, des serviettes et de la nourriture, ce que la prison devrait fournir mais ne fait pas. De la même façon il n’y a pas eu de changement dans le transport des prisonnières jugées à Jerusalem et Beer Sheva, elles doivent partir la veille et sont raccompagnées le lendemain.

Il y a actuellement 55 prisonnières politiques palestiniennes dans les prisons israéliennes : dans la prison d’Hasharon (Tel Mond): 35 prisonnières dont 10 mineures. Dans la prison de Damon (Mont Carmel): 16 prisonnières. A la prison de Neve Tirza (Ramle): une prisonnière. Dans le centre de détention de Petach Tikva: une détenue et une détenue blessée à l’hôpital. Douze prisonnières ont été blessées lors de leur arrestation.

Prison d'Hasharon (Tel Mond)

Les autorités de la prison d’Hasharon ont décidé de rénover l’aile 11. Les travaux vont prendre quelques mois et pendant ce temps plusieurs prisonnières ont été envoyées à la prison de Damon ; les autres, dont des mineures, ont été envoyées dans l’aile 2, une aile plus petite, à l’intérieur de la prison.

Matériel de travaux manuels

Ces six derniers mois, les familles des prisonnières n’ont pas été autorisées à apporter du matériel de travaux manuels dans les prisons.Les années précédentes il y avait eu un arrangement selon lequel tous les 4 mois les prisonnières recevaient du matériel de travaux manuels de leurs familles, toutes en même temps. C’est de toute évidence un sujet important : beaucoup de prisonnières passent de longues heures à des travaux manuels et plusieurs prisonnières en profitent pour apprendre un savoir faire, par exemple la broderie. Les travaux manuels sont une forme de réadaptation qui aide les prisonnières à trouver du travail à leur sortie de prison.

Taghreed Jahshan, l’avocate-conseil de la WOFPP, a entretenu une importante correspondance à ce sujet mais les requêtes ont été refusées. Les autorités de la prison suggèrent que les prisonnières achètent du matériel à la cantine de la prison mais ceci est bien sûr inacceptable. Les prix de la cantine sont élevés et beaucoup de prisonnières n’ont pas les moyens d’acheter le matériel. Il n’y a pas eu d’autre option que de faire appel au tribunal. La défenseuse Yaman Zidan de l’Autorité pour les prisonniers et libérés (précédemment Ministère de l’Autorité Palestinienne pour les prisonniers et libérés) représentait la porte-parole des prisonnières Lina Jarboun au tribunal pour le compte des prisonnières. L’avocate Taghreed Jahsan est pleinement partie prenante dans cette affaire. L’appel a été discuté au tribunal à deux reprises mais la procédure n’est pas encore terminée.

Les prisonnières ont commencé à étudier pour les examens du Tahujini (le baccalauréat palestinien)

La situation quant aux livres est toujours inacceptable, les prisonnières n’ayant droit qu’à un livre par mois.

Il n’y a pas eu de changement pour les lettres : les prisonnières ne reçoivent toujours pas les lettres qui leur sont envoyées de l’étranger. Nous profitons de l’occasion pour remercier les femmes des autres pays qui soutiennent les prisonnières en leur écrivant.

Les forces de sécurité continuent à persécuter les prisonnier/es libéré.es dans l’ échange avec Gilat Shalit. Cela a été évident dans le cas de Randa Shhatit qui a été libérée au moment de l’accord Shalit en octobre 2011 et a été arrêtée à nouveau en août 2016 à un check-point « flottant » alors qu’elle était en voiture avec sa mère et sa petite fille pour aller voir un médecin à Bethleem. Après deux mois de détention à la prison d’Hasharon, suivis d’une assignation à domicile, elle a été libérée le 3 janvier 2017. Le 20 janvier 2017, alors qu’elle revenait avec sa famille d’une fête de fiançailles, elle a été de nouveau arrêtée à un check-point et gardée 18 jours isolée des autres prisonnières politiques à la prison d’Hasharon. Elle a été libérée en payant une amende de 10.000 shekels. Après sa libération dans le cadre de l’accord Shalit, Randa s’est mariée et elle a trois jeunes enfants. Nous espérons qu’ils vont enfin la laisser en paix.

Nous avons le grand plaisir d’annoncer que la prisonnière purgeant la plus longue peine, Lina Jarbouni, a été libérée le 16 avril 2017. Lina, d’Arabah Elbatouf – en Galilée Israël, a été arrêtée le 18 avril 2002 et a été la porte-parole des prisonnières d’Hasharon. Tous nos meilleurs vœux à Lina.

leena on the day of release
Lina au moment de sa libération

Depuis 1974 le Jour des Prisonnier.es Palestinien.nes est le 17 avril de chaque année. En cette Journée nationale palestinienne, les Palestinien.nes expriment leur soutien et leur solidarité aux prisonniers et prisonnières détenu.es par Israël, et à leurs familles. Nous voulons nous joindre à l’appel pour la libération de tou.tes les prisonnier.es politiques palestinien.nes.

Nous voulons nous joindre à l’appel pour la libération de tou.tes les prisonnier.es politiques palestinien.nes.

En raison du grand nombre de détenues et prisonnières, la WOFPP visite actuellement deux prisons, Damon et Hasharon; de plus le nombre de visites en prison a augmenté. Les mineures qui sont incarcérées pour la première fois ont besoin d'une attention particulière et nous nous occupons aussi des cas des prisonnières blessées lors de leur arrestation, ce qui est une nouveauté pour nous. Dans le même temps nous continuons à observer les auditions des cours militaires. Tout ce travail supplémentaire pèse sur notre petit budget et nous apprécierons les donations qui nous aideront à faire face à notre charge de travail constamment en augmentation.

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