Organisation de Femmes pour les Prisonnières Politiques


Bulletin Juin 2016

5 Juin - Jour Naksa

Le 5 juin 1967 l'état d'Israël a attaqué l'Egypte, la Jordanie et la Syrie. Au cours de cette guerre Israël a occupé la Cisjordanie, la bande de Gaza et le Golan. Depuis Israël continue d'occuper la Cisjordanie (dont Jérusalem-Est), la bande de Gaza et une partie du Golan.

Depuis 1967 Israël a arrêté près d'un million de Palestinien.nes (dont 10.000 femmes) qu'il désigne comme «prisonnier.es de sécurité». Les Palestinien.nes et nous les définissons comme des prisonnier.es politiques. D'après différentes sources Israël emprisonne actuellement environ 7000 prisonnier.es politiques dont 715 détenu.es administratifs/ves. Quelques 414 prisonnier.es sont des mineur.es et il y a environ 64 femmes. Veuillez noter que ces chiffres varient chaque jour et qu'il est impossible de donner des chiffres précis.

Dans le même temps, l'assassinat de Palestinien.nes de Cisjordanie et de Jérusalem-Est occupée continuent. Rien que depuis septembre 2015, les forces de sécurité israéliennes (ainsi que des civils israéliens) ont tué 172 Palestinien.nes dont 16 femmes – la dernière le 2 juin 2016.

Une des évolutions les plus significatives des derniers mois a été l'augmentation du plancher des condamnations. Cela inclut l'aggravation de la politique d'imposer de fortes amendes, essentiellement mais pas seulement en direction des parents d'enfants palestiniens qui jettent des pierres. Par exemple D.A. et S.T., 2 mineures condamnées récemment à 4 mois 1/2 de prison ont aussi écopé d'une lourde amende: respectivement 8000 et 7000 shekels.

Un autre aspect de cette escalade dans les accusations et peines de prison concerne les infractions liées aux réseaux sociaux. Depuis octobre 2015 Israël a effectué plus de 200 mises en accusation contre des Palestinien.nes qui publient sur Facebook, publications décrites comme « incitations » qui selon les sources des réseaux sociaux font encourir en général une condamnation à un an de prison ou plus.

Plusieurs femmes sont actuellement emprisonnées pour ces infractions sur les réseaux sociaux (Facebook). Parmi elles Samah Duweik une journaliste de Jérusalem-Est arrêtée le 10 avril 2016 et Duniyah Muslah, 20 ans, du camp de réfugié.es de Daheisha arrêtée le 16 novembre 2015. Leurs procès sont en cours.

Nous voulons également mentionner la poétesse Dareen Tatour arrêtée le 11 octobre 2015. Elle a été interrogée à la prison de Jalameh (Kishon) puis transférée à la prison d'Hasharon et de là à la prison de Damon. Depuis le 13 janvier 2016 elle est en résidence surveillée et son procès est en cours.

Il va sans dire qu'aucun.e Juif/ve israélien.ne qui utilise couramment les réseaux sociaux pour appeler à la mort des non-Juif/ves de multiples façons n'a été arrêté.e.

Le 17 juin 2016 le journal israélien Ha'aretz a publié l'interview par Amira Hass de la députée palestinienne Khalida Jarrar qui, après 14 mois passés en prison, a été libérée le 3 juin 2016. Dans cette interview Khalida Jarrar a fait l'éloge de la plus ancienne prisonnière et représentante des prisonnières Lina Jarbuni. Jarbuni s'est chargée de tâches délicates et difficiles comme celle de laver des prisonnières/détenues blessées incapables de le faire pour elles-mêmes, de les accompagner aux rendez-vous médicaux ou para-médicaux et de leur préparer des repas chauds. (au moment de l'interview il y avait 10 prisonnières blessées dont 5 mineures). Jarrar qui déjà avant son emprisonnement avait consacré une grande part de son militantisme politique et social au problème des prisonnier.es palestinien.nes a admis qu'elle avait été surprise de découvrir pendant son emprisonnement que les diverses organisations de défense des droits des prisonnier.es ne s'étaient pas encore occupé de problèmes aussi importants.

L'un de ces problèmes est la «Posta», le véhicule utilisé pour le transport des prisonnier.es au tribunal ou pour un traitement médical. Selon Jarrar les voyages dans la «Posta sont une des pires expériences pour tou.tes les prisonnier.es. Comme elle le dit: «Si celles d'entre nous qui ne sommes ni blessées ni malades se sentent mal 2 ou 3 jours après chaque déplacement dans la «Posta», que dire des prisonnières sr lesquelles les forces de sécurité d'Israël ont tiré et qui ont été blessées?»

La «Posta» est un véhicule divisé en cellules simples ou doubles. Les prisonnières quittent la prison vers 2h du matin (bien que les prisonnières de la prison de Damon soient amenées la veille au soir) et sont menottées mains et pieds. La «Posta» récupère des prisonnier.es juif/ves, arabes, de droit commun, religieux/ses dans différentes prisons. Son 1er arrêt est à la prison de Ramle qui fonctionne comme un «lieu de transit» et où les prisonnier.es doivent attendre pendant des heures. De là la «Posta» continue sa route, comme dans le cas de Jarrar, vers le tribunal militaire du camp militaire d'Ofer où prisonnières et prisonniers sont enfermé.es dans des cellules sales et froides avant d'être amené.es à leur audience, après quoi on les remet dans ces mêmes cellules jusqu'à leur retour dans leur prison au petit matin.

Il est essentiel de donner ces détails car nous avons écrit et protesté depuis plusieurs années en dénonçant la Posta comme une forme de torture.

Prison d'Hasharon (Tel Mond)

Au moment où nous écrivons il y a 42 détenues/prisonnières dont 13 mineures dans la prison d'Hasharon.

La surpopulation a diminué. En tout il y a 15 pièces, 9 au 1er étage et 6 au second. Il y a une pièce qui sert de salle d'études et une grande pièce qui sert de bibliothèque et de salle à manger ainsi que de pièce de stockage.

Au moment où nous écrivons, les autorités de la prison n'ont pas autorisé les prisonnières à recevoir des livres de leurs familles.

Suite à une lutte des prisonnières (avec les autorités de la prison) 4 prises électriques ont été installées dans chaque pièce et de nouvelles étagères et penderies ont été posées dans la salle de bain.

Une cour plus grande a été mise à disposition et les prisonnières peuvent l'utiliser de 10h30 à 13h30 et de 14h30 à 17h30. Pendant le jeûne du mois de Ramadan les prisonnières sont autorisées à sortir dans la cour de 19h30 à 20h30 pour un Iftar en commun (repas de rupture de jeûne). En plus, et suite à des demandes des prisonnières, celles-ci peuvent pratiquer des exercices dans la cour sans la présence d'officiers de prison hommes de 8h30 à 9h30.

Cependant le déménagement dans la nouvelle aile engendre des difficultés pour des membres des familles car le parloir est loin et en haut d'escaliers ce qui est une gêne pour les personnes âgées des familles. Une des mères des prisonnières a dû être portée sur une chaise par des hommes de la famille.

Les études continuent à la prison d'Hasharon même pendant le Ramadan. 4 prisonnières se sont inscrites pour les examens de Taujihi (baccalauréat).

Prison de Damon (Mont Carmel)

Au moment où nous écrivons il y a 20 détenues/prisonnières à la prison de Damon.

Il y a eu à Damon la visite à la fois du Commissaire du Service des Prisons d'Israël et du commandant de District. Lors des 2 visites les prisonnières ont évoqué les problèmes qu'elles rencontraient: une seule toilette par cellule, le manque de matériel d'artisanat et l'impossibilité de prendre de l'exercice car la cour se situe en face des bureaux de l'administration et des quartiers des officiers de prison, le manque de chaînes de TV et radio et l'interdiction de recevoir du matériel d'artisanat.

Lors des 2 visites la réponse a été que les problèmes seraient examinés et que, si les prisonnières n'étaient pas transférées à la prison d'Hasharon, une autre toilette serait installée.

Dans la prison de Damon on peut capter (même si ce n'est pas toujours très bien) une station de radio qui a un programme spécial pour les prisonnier.es. Les familles peuvent appeler la station et laisser des messages pour les prisonnier.es. Cependant, vu le grand nombre de détenu.es dans les prisons israéliennes, il est évident que toutes les familles n'arrivent pas à appeler la station.

Le manque de matériel d'artisanat est important; seul.es les représentant.es de la Croix-Rouge ont le droit d'apporter du matériel et ils/elles le font, quoique rarement, et les quantités sont minimes et insuffisantes.

Pour les vêtements: à la prison d'Hasharon les membres d'une famille qui rendent visite à certaines prisonnières sont autorisées à apporter des vêtement à une autre prisonnière. C'est important car cela signifie que les nouvelles prisonnières qui n'ont pas encore droit aux visites et celles à qui on les refuse peuvent recevoir de nouveaux vêtements. Ce n'est pas permis à la prison de Damon où il y a de nombreuses prisonnières dont les familles n'ont pas encore reçu de permis de visite ou n'ont reçu qu'un permis pour une seule visite.

Par exemple Hilweh Hamamreh arrêtée le 3 novembre 2015 n'a eu qu'une visite pendant laquelle elle a vu sa petite fille de 2 ans. Depuis sa famille n'a eu aucun permis de visite.

Dans la prison de Damon il y a aussi 2 détenues administratives (rappelons aux lecteurs/trices que la détention administrative est une détention sans notification de chef d'accusation): Sanaa Abbas Abu Sanina qui est en détention administrative depuis le 17 février 2016 et dont la détention vient d'être prolongée de 3 mois; et Suad Arzikat qui est en détention administrative depuis le 3 décembre 2015, dont la détention a été prolongée de 3 mois et dont la famille n'a pas eu de permis de visite; les seules personnes qui peuvent lui rendre visite sont ses 2 petites sœurs.

La situation est pire pour Nasreen Hassan, une mère de 7 enfants de Gaza et pour Sanaa Alhafi, mère de 4 enfant également de Gaza. En raison du blocus israélien de la bande de Gaza, leurs familles (maris et enfant) n'ont pas le droit de leur rendre visite.

Au moment de l'impression de ce bulletin il y a eu plusieurs changement dans ce que nous avons décrit et nous ferons une actualisation dans le prochain bulletin.

Nous appelons à la solidarité avec les prisonniers politiques palestiniens et leur libération.

En raison du grand nombre de détenues et prisonnières, la WOFPP visite actuellement deux prisons, Damon et Hasharon; de plus le nombre de visites en prison a augmenté. Les mineures qui sont incarcérées pour la première fois ont besoin d'une attention particulière et nous nous occupons aussi des cas des prisonnières blessées lors de leur arrestation, ce qui est une nouveauté pour nous. Dans le même temps nous continuons à observer les auditions des cours militaires. Tout ce travail supplémentaire pèse sur notre petit budget et nous apprécierons les donations qui nous aideront à faire face à notre charge de travail constamment en augmentation.

Pour les donations à WOFPP:
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