Organisation de Femmes pour les Prisonnières Politiques


Bulletin décembre 2017
Dans la prison d’Hasharon, il y a 33 prisonnières et détenues politiques, dont 9 mineures. Dans la prison de Damon il y a 21 prisonnières et détenues politiques.

Les femmes prisonnières à Hasharon et Damon représentent un large éventail de la société palestinienne: différence d’âges, de statut (il y a des femmes mariées, des mères, des célibataires, des mineures), de niveaux d’éducation et de types de travail (certaines sont des mères au foyer, d’autres sont des étudiantes, d’autres encore sont des universitaires) aussi bien que d’affiliations politiques.

Traitements médicaux

Nous avons constaté ces temps derniers une diminution significative de la fourniture de traitements médicaux vitaux – à la fois dans et hors des prisons. Des prisonnières qui ont été gravement blessées pendant leur arrestation et ont reçu un traitement médical à l’hôpital, qui devraient continuer à bénéficier d’un traitement en détention, ne le reçoivent pas. Quelques exemples poignants: Isra’a Ja’abis a été gravement brûlée pendant son arrestation – elle devait être opérée pour cela. Bien qu’on lui ait donné diverses dates possibles, elle attend toujours l’opération promise. Pour autant que nous le sachions actuellement il y aurait une date approximative en février 2018. Nous suivrons cette question. Abla al-’Adam, gravement blessée à la tête lors de son arrestation attend également les opérations promises mais il semble qu’actuellement la politique soit de ne pas continuer les traitements. D’autres prisonnières blessées par balles lors de leur arrestation ont besoin de kinésithérapie et d’autres traitements.

Un autre problème médical est celui des traitements psychiatriques censés être fournis aux prisonnières alors que beaucoup d’entre elles en ont besoin. Certaines prisonnières ont souffert dans le passé de problèmes psychiques qui ont été exacerbés par leur arrestation. Il n’y a pas de doute non plus concernant les mineures: elles ont besoin d’un soutien psychologique – beaucoup ont été traumatisées lors de leur arrestation et plusieurs ont vu des personnes être blessées ou tuées devant elles. Nous avons constaté une grave détérioration de l’état des prisonnières arrivées en prison avec des problèmes psychiatriques, qui nécessiteraient parfois des soins psychiatriques intensifs hors de la prison, soins qui ne sont pas fournis. Le principal traitement pour les problèmes psychiatriques en prison est médicamenteux ce qui n’est pas du tout adapté.

On a du mal à appeler les traitements dentaires fournis aux prisonnières des traitements adaptés puisque le traitement principal est d’arracher les dents; cette situation est particulièrement grave quand il s’agit de prisonnières condamnées à de longues peines de prison ou quand les prisonnières ont besoin de traitements complexes.

Autres difficultés

En plus de ce qui précède, les conditions d’emprisonnement sont très difficiles: il y a un manque d’activités créatives comme des travaux manuels; également de cadres éducatifs et, dans certains cas, il y a refus des visites familiales, notamment pour les familles des mineures.

Les conditions de transport dans la «Posta», ce véhicule qui emmène les prisonnières au tribunal et les ramène, sont toujours aussi inhumaines – les prisonnières sont menottées de longues heures, ne sont pas séparées des prisonnières de droit commun, subissent des fouilles au corps et sont susceptibles de rester très longtemps à attendre dans la «Posta».

Nous insistons sur le fait que des conditions de vie raisonnables et des soins médicaux appropriés sont des droits fondamentaux des prisonnier.e.s. L’état est responsable du bien-être des prisonnier.e.s; elles et ils sont totalement sous son contrôle et l’état a le devoir et la responsabilité légale de s’en préoccuper – c’est d’abord ce que dit la Loi Fondamentale: Dignité Humaine et Liberté, et,selon toutes les lois et règlementations du Service des Prisons d’Israël (IPS) en matière de traitement médical. Des traitements médicaux et des conditions de vie raisonnables ne sont pas censées dépendre d’un quelconque bon vouloir!

Tout ce qui est dit ci-dessus réclame des mesures légales dans les domaines suivants:
1-une pétition concernant les traitements médicaux fournis aux prisonnières, en particulier pour Abla al-’Adam (rappel: elle a été blessée à la tête par balle) et les traitements psychologiques nécessaires pour les prisonnières.
2-La présence de prisonnières de droit commun dans l’aile des prisonnières politiques à la prison d’Hasharon. Bien que les groupes soient séparés, les prisonnières de droit commun perturbent souvent le calme, en particulier la nuit.
3-Les très difficiles conditions de transport dans la «Posta», avec un accent mis sur le harcèlement des détenues.
4-Une pétition sur la cantine de la prison: il manque des produits, les prix sont élevés et il faut exiger qu’une partie des profits de la cantine soit utilisée au bénéfice des prisonnières politiques et pour leur bien-être.

Prison de Damon (Mont Carmel)

Nous avons récemment constaté un manque de rencontres entre les mères et leurs jeunes enfants dans la prison de Damon, ou des difficultés pour qu’il y ait ces rencontres. D’après la réglementation des prisons israéliennes (et une décision de la Haute Cour de Justice) les mères de jeunes enfants doivent pouvoir passer les dix dernières minutes d’une visite de leurs jeunes enfants sans cloison, au moins une fois par mois.

Prison d’Hasharon (Tel Mond)

Les prisonnières d’Hasharon ont créé plusieurs commissions sur des thèmes divers. Ceux-ci incluent : la commission de la Culture, la commission pour les Affaires Sociales et les Loisirs. Les mineures ont également créé leur propre commission.

Le matériel pour des travaux manuels – alors que la cantine dispose de beaucoup de matériel, les prix sont trop élevés et les prisonnières ne peuvent se permettre d’en acheter. Les prisonnières dépensent souvent leur maigre pécule pour de la nourriture et des produits d’hygiène, alors que l’année dernière les familles n’ont pas été autorisées à apporter du matériel pour travaux manuels en prison. Cela signifie que les prisonnières sont empêchées de pratiquer toute activité créative.

La détention administrative

L’Organisation de Femmes pour les Prisonnières Politiques (WOFPP) ainsi que la Coalition des femmes pour la paix (CWP) ont entamé une Campagne pour la libération des femmes en détention administrative en août 2017.

Il y a quatre détenues administratives, dont Sabah Feroun dont la détention a été prolongée récemment. Elle devrait être libérée en décembre 2017 après 18 mois de détention administrative.

Nouvelles détenues administratives:
Khadija al-Rubai 32 ans, de Yata, arrêtée le 9 octobre 2017, un ordre de détention administrative de 3 mois a été émis contre elle
Bushra al-Tawi, 24 ans d’al-Bireh, arrêtée le 1er novembre 2017, un ordre de détention administrative de 4 mois a été émis contre elle

Détenues administratives libérées:
Afnan Abu Haniyeh libérée le 27 septembre 2017 après 3 mois de détention
Khitam Saafin libérée le 1er octobre 2017 après 3 mois de détention
Ihsan Dababseh libérée le 23 novembre 2017 après neuf mois de détention

Il faut toujours insister sur la nocivité de la détention administrative; celle-ci est ordonnée sans chef d’accusation et peut être prolongée indéfiniment.

Nous voulons nous joindre à l’appel pour la libération de tou.tes les prisonnier.es politiques palestinien.nes.

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