Organisation de Femmes pour les Prisonnières Politiques


Bulletin Décembre 2015
Depuis début octobre 2015 le soulèvement populaire de la société palestinienne des 2 côtés de la Ligne Verte a été réprimé brutalement par les autorités israéliennes. Les mesures répressives ont inclus des arrestations de masse y compris celles de femmes palestiniennes. Ce rapport met l'accent sur différents sujets en lien avec leur arrestation et emprisonnement.

Conditions de transport au tribunal et d'une prison à l'autre

Ces conditions sont dures et sources d'humiliations. Les prisonnières sont emmenées par des véhicules spéciaux qui partent régulièrement aux premières heures de la matinée, emmenant les prisonnières aux différents tribunaux, centres d'interrogation, centres de détention et prisons, les ramenant ensemble à la prison le soir. Ce qui signifie que les détenues/prisonnières qui sont amenées au tribunal ou d'une prison à l'autre partent à l'aube par le "Posta" (nom donné au véhicule qui transporte les prisonnières) et rentrent à la nuit, parfois même à 10 ou 11h du soir.

Les femmes sont en général maintenues dans le "Posta" non seulement pendant les transports mais aussi pendant et après les procédures judiciaires. Dans le "Posta" les femmes sont confinées dans des petites "cellules de séparation" assez grandes pour 2 ou 3 prisonnières, sans fenêtre ni ventilation. La cellule n'est pas aérée et la température est soit étouffante (si les gardiennes décident de ne pas mettre l'air conditionné) ou extrêmement froide (si l'air conditionné est mis en marche). Les prisonnières n'ont aucun espace pour bouger ou allonger les jambes et elles doivent rester assises avec les jambes pliées.

Les prisonnières sont constamment attachées aux mains et aux pieds. Les gardiennes serrent souvent tellement les menottes qu'elles font mal et les liens aux jambes blessent à chaque mouvement. Si elles veulent aller aux toilettes, les prisonnières dépendent de la bonne volonté des gardiennes ce qui rend l'usage des toilettes quasi impossible.

Les cellules des tribunaux à l'intérieur de la Ligne Verte sont étroites et très sales. Le robinet d'eau potable est dans les toilettes, répugnantes de saleté, à l'intérieur des cellules. Les prisonnières sont souvent placées dans des cellules sans toilettes ni robinet d'eau potable ; dans ces cas-là, boire ou utiliser les toilettes dépend à nouveau de la bonne volonté des gardiennes "Nachshon" (Nachshon est l'unité du Service israélien des Prisons chargée du transport des prisonniers). En hiver les cellules sont particulièrement froides et confinées.

Les examens de Tawjihi (examens de fin de scolarité du secondaire de l'Autorité Palestinienne)

Actuellement ces examens, qui se déroulent dans les prisons, sont supervisés par les prisonnières elles-mêmes à condition qu'il y ait au moins 2 prisonnières de niveau licence pour surveiller les examens. Cette année (2015) les examens pour les prisonnières politiques palestiniennes ont été cautionnés par Khalida Jarrar, parlementaire palestinienne et la prisonnière Muna Ka'adan. Plusieurs prisonnières ont passé ces examens et obtenu un certificat Tawjihiqui leur permettra de continuer leurs études.

Arrestations préventives

Des groupes de jeunes activistes (Al Harak Al Shababi) ont appelé à une manifestation à Nazareth le 8 octobre 2015. La veille, le 7 octobre, 9 personnes dont les numéros de téléphone étaient sur une liste d'organisateurs dans l'appel à la manif ont été arrêtées "préventivement", parmi elles se trouvaient 4 femmes (une mineure et 3 ayant une vingtaine d'années).

Une mineure, R., a été relâchée le lendemain matin et mise en résidence surveillée. Les 3 autres femmes, Adan Tatour de Jaffa, Lubna Touma de Kufr Yassif, et Samar Azaizeh de Nazareth ont été détenues au centre de détention de Kishon. Un appel à la cour régionale a été rejeté car la cour était "certaine" qu'il y avait des raisons de soupçonner ces femmes d'"incitation à la violence et à la terreur" car l'appel à manifester conseillait aux participant.es d'apporter des oignons (utilisés contre les gaz lacrymogènes). Elles ont été remises en liberté le 11 octobre 2015.

Arrestation de mineures

2 mineures, Sh. (15 ans) et S. (14 ans) de Nazareth ont été violemment arrêtées lors d'une manifestation à Nazareth le 8 octobre 2015 et emprisonnées au centre de détention de Kishon. Il faut noter que dans le centre de Kishon il n'ya que 2 cellules dans l'aile des prisonnières de droit commun et aucune pour des mineures, les mineures ont donc été mises dans une cellule à part dans l'aile des mineurs garçons. L'accusation a demandé que les mineures restent en prison jusqu'à la fin de la procédure et elles n'ont été remises en liberté conditionnelle que le 16 octobre, après 8 jours en prison.

Arrestations dues à l'utilisation de SMS et des réseaux sociaux

Au moins 4 femmes et jeunes filles palestiniennes, toutes citoyennes israéliennes, ont été arrêtées depuis début octobre 2015 pour avoir utilisé des SMS et Facebook, sous l'accusation d'"incitation à la violence".

R.M., une femme de 21 ans originaire d'Acre, a été arrêtée le 10 octobre pour une nuit parce qu'elle avait posté une main pleine de sang qui écrasait un barbelé avec le commentaire "Je résisterai jusqu'à mon dernier souffle"

D.T. de Nazareth a été arrêtée le 11 octobre chez elle pour avoir posté des éléments sur les réseaux sociaux.

Arrestations de femmes soupçonnées d'attaques, sur lesquelles des soldats ou des civils israéliens ont tiré et qui ont été blessées

Asra'a Abed, mère de 3 enfants, habitant Nazareth, étudiante en Master d'engineering génétique au Technion a été blessée par balles le 6 octobre 2015 par des soldats et du personnel de sécurité à la gare routière centrale d'Afula et elle a été hospitalisée. Une plainte a été déposée contre elle le 29 octobre et elle a été relâchée et mise en résidence surveillée le 5 novembre.

Shuruk Dawiat, étudiante à l'Université de Bethleem, a été arrêtée le 7 octobre à Jérusalem ; elle a été blessée lors de son arrestation et hospitalisée à l'hôpital Hadassah. Au bout de 3 jours elle a été transférée à la prison d'Hasharon.

D'après les rapports de l'Autorité pour les prisonniers palestiniens, 3 autres détenues ont été blessées lors de leur arrestation et ont dû être hospitalisées : Asra'a AlJa'abis et 2 mineures, N.A. et M.B.

Arrestations suite à la participation à des manifestations

Plus de 10 femmes à l'intérieur de la Ligne Verte, certaines mineures, ont été arrêtées suite à la participation à des manifestations, dont certaines étaient des veilles de protestation pacifiques. Dans tous les cas les femmes ont été à peine interrogées et ont été détenues jusqu'à 20 heures pour certaines, pour d'autres une nuit, toutes ont été ensuite relâchées sans chef d'accusation.

Les détenues se sont plaintes de traitements humiliants comme d'être fouillées, nues, devant d'autres détenues. Une détenue pieuse avec la tête couverte d'un keffieh se l'est vu retirer sous le prétexte que les keffiehs étaient interdits en prison et on ne lui a pas donné autre chose pour se couvrir la tête. Au moins une des détenues a été battue lors de son arrestation et a nécessité des soins à l'hôpital.

Détention administrative

La détention administrative est une détention sans chef d'accusation ni procédure légale, généralement basée sur des informations classifiées secrètes. La détention administrative peut être prolongée sans limites même si le tribunal doit confirmer la légalité de l'ordre de détention administrative. On sait que dans la plupart des cas les tribunaux confirment ces ordres.

A.H. palestinienne israélienne a été arrêtée le 5 octobre 2015. Le 13 octobre le ministère de la Défense a ordonné sa détention administrative pour 3 mois. Le 3 novembre la Haute Cour a rejeté son appel.

Jurin Kadah, étudiante originaire de Shakba dans la région de Ramallah a été arrêtée le 28 octobre 2015. Le 2 novembre elle a reçu un ordre de détention administrative de 3 mois.

Selon un rapport de l'Autorité pour les prisonniers palestiniens, il y a actuellement 39 prisonnières et détenues dans les prisons et centres de détention israéliens. Une d'elles est hospitalisée. Le rapport mentionne aussi 3 détenues mineures au centre de détention de Shikma à Ashkelon: G.A.,N.A. et M.B..

La conseillère juridique de la WOFPP a rencontré G.A. et a appris que les mineures étaient détenues dans des conditions extrêmement mauvaises dans l'aile des prisonniers de droit commun. Suite à des lettres de protestation contre cette situation envoyées par la conseillère juridique de la WOFPP en novembre 2015, 3 mineures ont été transférées à la prison de Neve Tirza. Ensuite, le 2 décembre 2015, 2 mineures, N.A. et M.B., ont été transférées à la prison d'Hasharon. La mineure G.A. est restée à Neve Tirza avec deux nouvelles mineures: S.S. et N.A.. La conseillère juridique de la WOFPP a été en contact quotidien avec les familles de ces jeunes filles et leur a donné les informations sur les démarches entreprises par la WOFPP pour leurs adolescentes, en concertation avec elles.

L'augmentation de détenues politiques a coïncidé avec une augmentation du nombre de mineures arrêtées. En raison du manque de place à la prison d'Hasharon les mineures sont déplacées d'un endroit à un autre et les détenues/prisonnières politiques passent aussi d'une prison à l'autre. Le Service des Prisons israéliens envisageait depuis quelque temps d'ouvrir une aile supplémentaire pour les prisonnières à la prison de Damun et, le 7 décembre, 6 détenues y ont été transférées.

Il y a eu tellement d'arrestations de femmes ces derniers temps que nous avons eu du mal à suivre. Nous avons cependant décidé de publier notre Bulletin et de le mettre à jour avec les futurs évènements dès que possible.

La WOFPP a besoin de dons pour pouvoir assurer des visites fréquentes de notre avocate dans les prisons.

Pour les donations à WOFPP:
Compte de banque:
Women's Organization for Political Prisoners (WOFPP)
Nombre du compte: 471067
BANK HAPOALIM
Branch 532
Daniel Frisch St. 3,Tel Aviv 64078, ISRAEL
IBAN number: IL 60-0125-3200-0000-0471-067
BIC (swift): POALILIT
Adresse de qui reçoit la contribution:
WOFPP
Frug Street 30
IL-63417 Tel Aviv, ISRAEL

Accueil